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Symbole de l’avancée des droits des femmes pour avoir su s’imposer dans le monde scientifique du début XIXème, Maria Skłodowska-Curie est une physico-chimiste de talent dont les recherches l’ont propulsée vers une renommée mondiale. Native de Varsovie, la ville grouille de lieux qui rappellent aux passants l’histoire de sa vie partagée entre la Pologne et la France.

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Le musée situé dans la maison natale de Marie Skłodowska-Curie se trouve au 16 rue Freta. C’est le seul musée au monde qui retrace la biographie de cette savante. Objets, photographies, diplômes ou articles d’époque permettent de mieux saisir ce qui fait de cette scientifique une femme d’exception.

Une famille de génies
Née en 1867 et décédée en 1934, Maria est issue d’une famille très instruite de la « petite » noblesse, la famille Skłodowska. Le grand-père paternel de Marie est directeur d’école à Lublin, puis inspecteur des écoles. Passionné de littérature et de sciences naturelles, il quitte sa carrière dans l’éducation pour étudier la philosophie à l’Université de Varsovie.

Le père de Maria, professeur de mathématiques et de physique, est aussi érudit que son géniteur.. Polyglotte, il collectionne les livres et traduit même quelques ouvrages. La mère de Marie, elle, est professeure dans une école pour jeunes filles. Ensemble, ils donnent naissance à une joyeuse fratrie composée de quatre filles et un garçon dont Marie, benjamine de la famille. Or la mère de Maria succombe à la tuberculose en 1878, tandis que sa cadette n’a que 11 ans. Le père est alors très présent et participe activement dans l’instruction de ses enfants en les réunissant tous les soirs pour leur lire de grands classiques de la littérature.

C’est ainsi qu’une des sœurs de Maria et son frère Jozef étudient la médecine à la Sorbonne, Maria, elle, achève sa thèse de sciences physiques à Paris en 1893. Elève exemplaire, elle obtient à la suite de ses études deux prix Nobels pour ses recherches, un dans le domaine de la physique en 1903 et un second dans le domaine de la chimie en 1911. Elle marque l’Histoire de la médecine par sa découverte du radium. Cet atome radioactif permet d’inventer la radiothérapie, aussi appelée « curiethérapie », capable de soigner des maladies dermatologiques et même des tumeurs cancéreuses, pourtant incurables à l’époque.

Mariée à Pierre Curie en 1895, Maria Skłodowska-Curie met au monde deux filles : la première, Irène Joliot-Curie, qui devient physico-chimiste comme sa mère, et la seconde, Eve. Cette nouvelle génération les gendres de Maria inclus, contribue à faire de cette famille une véritable exception. En effet Irène, mariée à un Prix Nobel, reçoit elle aussi un Prix Nobel pour sa découverte de la radioactivité artificielle. Tandis que celui d’Eve, Henri Labouisse, est récompensé par le Prix Nobel de la Paix pour son poste de directeur à l’UNICEF. Ainsi, la famille Skłodowska-Curie reste dans les mémoires comme l’unique famille composée de cinq lauréats du Prix Nobel.

Scientifique au féminin, un combat

Au regard de l’histoire des Prix Nobel, être une femme lauréate n’est pas affaire courante. Sur environ 850 prix à ce jour, seuls 44 sont décernés à des femmes. Qui plus est, dans le domaine de la physique-chimie, on ne compte aujourd’hui que six lauréates, dont deux prix à Maria Skłodowska-Curie et un à sa fille Irène. Ces chiffres permettent de mieux saisir la position exceptionnelle de Marie dans ce monde masculin.

Revenons au parcours scolaire de Maria Skłodowska-Curie. Pendant plusieurs années, elle suit les cours de « l’Université volante » polonaise, une institution clandestine où de grands professeurs de l’Université de Varsovie viennent dans le secret enseigner aux femmes. Car à l’époque où Maria n’est qu’une jeune femme, l’inscription à l’université est réservée aux hommes.

Ambitieuse et désireuse d’apprendre, Maria choisit de se rendre à Paris en 1891 afin d’intégrer la Sorbonne où elle fait sa thèse. Pour préparer ses examens, elle bénéficie de l’aide de son cousin Jozef Boguski, chef de l’atelier de physique du Musée de l’Industrie et de l’Agriculture de Varsovie (actuelle Bibliothèque Centrale Agricole au 66 rue Krakowskie Przedmieście) institution chargée de l’instruction et de la recherche scientifique. Il lui donne l’opportunité de pratiquer ses premières expériences dans un petit laboratoire dans la cour du bâtiment, où vous pourrez toujours observer une plaque commémorative. Plus tard, elle sera la première femme enseignante de la Sorbonne.
Véritable battante, Maria Skłodowska-Curie a toujours refusé de considérer sa vie comme un sacrifice pour la science. Dans ses mémoires, elle préfère insister sur la passion qui la fait vivre.

M. Skłodowska-Curie w laboratorium_fot. Muzeum Marii Skłodowskiej-Curie.JPG


Varsovie, une ville chère à ses yeux

Bien qu’elle soit née dans le quartier de la Nouvelle ville, Marie Skłodowska-Curie passe la majorité de son enfance varsovienne dans une maison située rue Nowolipki. Elle est baptisée dès son plus jeune âge à l’Eglise de la Visitation de la Vierge (2 rue Przyrynek) et s’y rend quotidiennement pendant plusieurs années accompagnée de sa mère. D’après ses écrits, elle se souvient de « cette pénombre mystique » et de la tour surplombant le fleuve. Puis, Maria célèbre sa première communion à l’église Saint Jacques (10 rue Freta). Pourtant, une fois adulte, elle abandonnera ses croyances religieuses.

Son enfance est bercée par de longues promenades le long de la Vistule (à proximité de l'église de la Visitation de la Vierge), lieu devenu incontournable pour elle lors de ses visites plus tard à Varsovie. Elle écrit : « Ce fleuve a pour moi une attirance, dont je ne suis pas capable de comprendre l’origine ». Une statue d’elle dominant le fleuve, aux abords de l’Eglise de la Visitation de la Vierge, a d’ailleurs été inaugurée en 2014 en présence de François Hollande, une manière de rendre hommage à l’amour qu’elle portait pour cet endroit.

Pomnik Marii Skłodowskiej-Curie, ul. Kościelna_fot. Tomasz Nowak_9_1170.jpg

Eternelle nostalgique de son pays natal, Maria Skłodowska-Curie signe toujours de son nom polonais et enseigne à ses filles la langue polonaise. Une fois sa thèse terminée, en 1894, elle revient en Pologne dans l’objectif de mettre son savoir au service de son pays. Cependant, parce que c’est une femme, personne ne veut d’elle. Alors, elle retourne travailler en France. Pourtant, elle reste extrêmement reconnaissante envers la Pologne. Elle estime que sans l’apprentissage dont elle a bénéficié au Musée de l’Industrie et de l’Agriculture de Varsovie, elle n’aurait jamais découvert la radioactivité du radium.


L’Institut du Radium à Varsovie, actuel Centre de l’Oncologie (15 rue Wawelska), construit à la demande de Maria, reste le plus bel hommage qu’elle ait pu rendre à sa ville natale. Son inauguration a lieu en 1932. A cette occasion, Maria offre à l’Institut un gramme de radium de ses réserves personnelles, un cadeau d’une valeur inestimable.

Au-delà de son image rigide de savante, une femme de cœur

Rarement souriante sur les photographies et souvent vêtue de noir, Marie Skłodowska-Curie est pourtant une femme au grand cœur et pleine de vie. Maria, en plus d’être une savante de renom, était une mère exceptionnelle. Le 19 avril 1906, elle perd son mari, Pierre Curie, écrasé rue du Pont-Neuf à Paris. A partir de ce jour-là, Maria se retrouve seule à élever ses deux filles, dont la dernière n’a même pas deux ans, un défi qu’elle relève avec succès. D’ailleurs, en 1938, Eve Curie, sa fille, rédige la biographie de sa mère où elle mentionne certaines particularités qui dévoilent l’affection qui les lie. Par exemple, Eve remarque que sa mère avait de belles jambes et de belles mains. Et, il semble qu’en plus d’être une scientifique extraordinaire, Maria Curie était aussi une femme très sportive, pratiquant aussi bien la danse que le kayak ou encore l’équitation.

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Maria Curie était dotée d’une grande générosité. Elle et son mari ont d’ailleurs offert leurs découvertes à l’Humanité, c’est-à-dire qu’ils n’ont breveté aucune de leurs recherches, les rendant accessibles à tous ceux qui souhaiteraient les utiliser ou les continuer.

Ainsi s’achève le portrait surprenant d’une femme à multiple facettes. A la fois savante, femme, mère et franco-polonaise, Maria Skłodowska-Curie se classe parmi les personnages incontournables de Varsovie. N’hésitez donc pas à en apprendre davantage en vous rendant sur les lieux cités ci-dessus !

Source : lepetitjournal.com/Varsovie

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