La tradition du réveillon de Noël familial et solennel est très profondément enracinée dans les foyers polonais. Ces coutumes ont été décrites au XVIIe siècle mais on sait qu’elles étaient pratiquées beaucoup plus anciennement. Son élément fondamental est le respect de l’obligation de faire maigre.
Le réveillon est précédé de la préparation du sapin ainsi que de la crèche familiale. Sous une nappe blanche, on répond quelques brins de foin qui symbolisent la crèche de Bethléem. On passe à table une fois la première étoile apparue dans le ciel. Les participants rompent et partagent l’opłatek blanc (fait d’une feuille de pain azyme), échangent leurs vœux et se pardonnent les offenses du passé. Il est courant de laisser un couvert libre à table pour un hôte inattendu ou symboliquement comme place du Christ. On sert traditionnellement douze plats.
Une des pratiques les plus importantes en Pologne est de lire avant le réveillon de Noël un fragment des Ecritures, de l’Évangile selon saint Luc (Luc 2, 1-14), rappelant Jésus-Christ qui a racheté nos péchés et nous donne la possibilité de la vie éternelle.
Le nombre de plats servis sur la table du réveillon est variable. Dans le passé puis au Moyen Âge et encore même au XIXe siècle, le réveillon paysan se composait de cet plat, celui de la noblesse de neuf est celui d’un souverain de onze. Aujourd’hui, il est de coutume de servir douze plats. Il s’agit ordinairement d’une soupe de poisson ou aux amandes, à la bière ou encore d’un barszcz (bouillon de betterave), de poissons divers avec des assaisonnements traditionnels, par exemple une carpe à la sauce grise (dans la composition de laquelle entre du pain d’épices) ou du brochet, des pois, des champignons des bois, des pâtes au pavot, des fruits secs. Tout ceci dépend en particulier de la région et, comme on s’en doute, la tradition polonaise de préparation du réveillon de Noël se transmet de génération en génération.
La place libre laissée à table lors du réveillon est « destinée à un hôte de hasard, qui est ainsi traitée comme un membre de la famille ». En laissant une place libre à table, les Polonais traduisent le souvenir de leurs proches et de ceux qui ne peuvent participer à la fête. La place libre à table peut également désigner un membre de la famille décédé ou même, plus largement, honorer la mémoire de tous les défunts de la famille.
C’est en souvenir de l’étoile de Bethléem dont parle Saint Mathieu et qui guida les trois rois mages, qu’il est de coutumes en Pologne de ne commencer le réveillon solennel que justement quand la première étoile apparaît dans le ciel. Cette coutume est profondément enracinée dans la culture polonaise. On ne prend pas place au festin de Noël « avant que l’étoile ne nous appelle à rompre l’opłatek ». C’est une coutume très ancienne observée jusqu’à aujourd’hui.
La coutume consistant à reconstituer avec des figurines dans une « crèche » la scène de la Nativité, où repose un santon représentant l’Enfant Jésus, remonte à 1223. C’est alors que la célébration de Noël fut organisée pour la première fois dans l’Histoire sous cette forme par Saint François d’Assise dans le village de Greccio, qui, de hameau ignoré de tous, devint la nouvelle Bethléem. C’est dans une vaste grotte, appartenant à un certain Giovanni Velita, ami de Saint François, que fut aménagée la première crèche. De Greccio, devenu ainsi la nouvelle Bethléem, la coutume se répandit dans toute l’Europe.
Pour le réveillon de Noël, chaque famille polonaise ou presque installe et décore chez elle un « sapin », appelé en Europe occidentale « arbre de Noël », ou encore « arbre du Christ ». Le sapin debout est d’origine allemande. Il est vraisemblablement apparu en Allemagne au XVème siècle. Il semble être une survivance du petit sapin, pin ou épicéa qu’on suspendait au plafond, sa cîme pendant vers le bas. L’origine du sapin de Noël et de cet arbre suspendu possèdent une origine commune. Ils descendent de l’« arbre de vie » aryen, dont nous retrouvons partout les traces, dans l’art et dans les traditions. Le sapin, qui nous rappelle l’« arbre de vie » est quant à lui un symbole foncièrement chrétien. Le décorer dans la maison, c’est retrouver le souvenir de nos premiers ancêtres – Adam et Eve. Il nous rappelle aussi la leçon de la chute et de la rédemption de l’espèce humaine.
On rencontre encore aujourd’hui dans les campagnes polonaises la coutume d’apporter avant la soirée de réveillon dans l’habitation une gerbe de blé et de la placer dans un coin de la pièce. Cette tradition était anciennement observée dans toute la Pologne. Elle l’était encore très rigoureusement jusqu’au milieu du XIXème siècle. Après le réveillon, on tressait les fétus de la paille de cette gerbe déposée dans les coins de la demeure pour en faire de petits liens qu’on suspendait aux arbres fruitiers, persuadés que leur fécondité s’en trouverait améliorée.